Un convoi humanitaire pour le Liban
Le 4 août 2020, le monde entier a été choqué par l’explosion à Beyrouth qui a dévasté une grande partie de la ville. En moins de trois semaines, le contact avec les associations locales a été noué, essentiellement avec l’Association d’ambulance libanaise (le SAMU local), le matériel a été trouvé, récupéré et le convoi a été expédié. Rencontre avec Shady Khairallah, membre d’Adab.
En 2020, vous avez préparé un convoi humanitaire pour le Liban. Quels souvenirs avez-vous de la situation ?
Le Liban était déjà sujet à des crises successives. Cela s’est aggravé avec l’explosion, avec diverses explications politiques et économiques. C’est une explosion inédite, quasi nucléaire. On n’aurait pu attendre beaucoup plus de morts, de gens sous des gravats, beaucoup de blessés. Le Liban n’avait pas les moyens humains pour répondre aux différents besoins, surtout sur une période de courte. Il n’y avait pas assez de matériels. Comme on peut le voir en ce moment avec les tremblements de terre en Turquie et en Syrie.
Qu’est-ce que vous avez fait pour répondre à cela ?
Nous nous sommes mis en mode urgence, avec une formule coup de poing. Chacun avait plusieurs missions : logistiques, administratives etc. De mon côté, j’ai travaillé conjointement avec Faouzi sur la partie relationnelle, voir la disponibilité du matériel dans les hôpitaux et relations avec les ambassades celles du Liban notamment pour avoir les canaux diplomatiques, les accords de transports etc. Comme le port était détruit, il fallait passer par un canal précis. Grâce à nos contacts, nous avons pu acheminer les marchandises. Nous avons également eu un contact sur place pour vérifier que la réception soit bien à destination des ambulances du Liban.
Vous avez travaillé avec le Dr Daboussi. Comment ?
Nous connaissons le médecin. Nous avons travaillé avec l’association Arc en Ciel, une association libanaise, pour avoir les droits d’accès au port. Les ambulanciers n’avait pas les accords nécessaire pour une réception de la part d’une association étrangère car il n’était pas référencés. La France a donc ouvert un canal humanitaire. Et la France devait vérifier la viabilité des associations et c’est ainsi que nous avions pu faire passer notre convoi via l’association Arc en Ciel. Je pense aussi à d’autres associations : Basma, Les valises du Liban avec qui nous avons pu échanger et qui ont aussi beaucoup en cette période.
Que pouvions-nous trouver dans votre convoi ?
Il y avait des lits médicalisés, des lits bébés, des couveuses, des fauteuils roulants, des gels, des seringues, des bandages, des atèles à scrach : tout ce dont on a besoin pour sauver quelqu’un du béton inscrit dans son corps. Il y avait beaucoup d’ustensiles médicaux et de matériels de premiers secours. Concernant le montant, nous étions à environ 150 000 euros. L’un des plus gros envois de l’association. Nous nous sommes fournis sur plusieurs associations de Paris et IDF surtout : APHP, associations sur près de trois jours de travail intense.
Pourquoi avoir décidé de travailler avec le Samu directement ?
C’est une décision pragmatique. Si nous passions par les associations, elles allaient faire de la logistique supplémentaire. C’est une perte de temps et d’énergie pour tout le monde. Nous avions besoin de nous lier avec ceux du terrain directement, donc les ambulanciers. En tout, nous avons travaillé près de trois semaines intensivement. Il a fallu trouver les bonnes personnes opérationnelles. Vous pouvez aimer faire de l’humanitaire mais il ne faut pas que ce soit à l’encontre de la liberté. Il faut toujours bien vérifier à qui les dons sont donnés et profitables.
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